Tables rondes

Table ronde 1

Construction des données statistiques en sciences sociales :
enjeux et défis de la comparaison, de la spatialisation et de la contextualisation

Comme son titre l’énonce, cette table ronde rassemble des contributions qui ont pour objet de souligner les difficultés et les enjeux que soulèvent la construction et l’utilisation des données quantitatives en sciences sociales. Qu’il s’agisse d’informations issues d’enquêtes ad hoc ou de statistiques collectées lors de recensements, …, les questions et problèmes d’analyse des données sont d’autant plus aigus que l’on ambitionne de mener des comparaisons internationales.

Les pays qui composent l’espace euro-méditerranéen ont des expériences et des traditions d’enquêtes statistiques et de nomenclatures ou de classifications contrastées. Ce qui n’a pas empêché, au cours de ces dernières années, la réalisation d’enquêtes spécifiques à visée de comparaisons internationales, ainsi que le développement de projets et de protocoles d’harmonisation, d’intégration et de coopération statistique. Tous ces dispositifs ont pour objectifs d’améliorer l’objectivation et la compréhension des changements sociaux à grande échelle. Ils ont toutefois leurs limites et sont parfois difficiles à mettre en œuvre. Cette table ronde entend souligner les enjeux et défis de la comparaison internationale. Elle aura également pour objet de questionner l’intérêt de la prise en compte de l’espace dans la valorisation des données statistiques.

Table ronde 2

Le processus social et démographique du vieillissement :
entre convergences et contrastes

Sur le thème énoncé dans son titre, cette table ronde rassemble des contributions qui ont en commun de questionner les facteurs sociodémographiques du vieillissement et/ou leurs implications sociétales. La démarche de comparaison internationale sera privilégiée et s’appuiera sur une réflexion approfondie des cas nationaux étudiés, dans leurs spécificités, mais aussi dans leur dynamique de convergence. Le vieillissement est souvent décrit comme un processus inéluctable lié à la transition démographique « universelle » que connaissent toutes les sociétés du monde. Cependant, au-delà des formes de convergence des phénomènes de mortalité et de  natalité, l’examen des situations de vieillissement en ce début du XXIème siècle révèle un phénomène plus que jamais complexe et nuancé dans ses expressions nationales. Le processus de vieillissement intense et universellement partagé ne serait pas aussi mécanique que prévu, car ses facteurs sont particulièrement sensibles aux conjonctures économiques et historiques, aux règlements politiques, mais aussi aux évolutions des modes de vie des hommes et des femmes dont les effets sur la fécondité seraient en décalage avec « la théorie » de la transition démographique.

Comme processus social, le vieillissement de la population induit notamment par l’augmentation de l’espérance de vie a des conséquences sur la structure par âge des hommes et des femmes et plus fondamentalement sur l’équilibre et la dynamique des échanges entre les générations en présence. Dans des sociétés  proches géographiquement, culturellement mêlées, dans l’Europe du sud et le pourtour méditerranéen, mais aux fondations politiques toutefois historiquement bien distinctes, un des enjeux fondamentaux du vieillissement porte assurément sur le rapport entre l’action des politiques publiques et les comportements des individus dans la sphère privée. En retour, le vieillissement de nos sociétés reçoit son sens de la façon dont les trajectoires des hommes et des femmes se sont déroulées aussi bien dans la sphère publique, en particulier du travail, que dans la sphère privée qu’incarne principalement la famille. Dit autrement, les changements importants des trajectoires et des statuts professionnels et familiaux enregistrés au cours de ces dernières années, conséquences de la précarisation de l’emploi et de l’instabilité croissante des relations familiales, constituent une nouvelle donne socio-économique mais aussi socio-démographique du processus de vieillissement. Ce qui est généralement désigné par le terme de crise, largement usité, en se référant aux déséquilibres macroéconomiques, à la mondialisation des échanges et les luttes de concurrence entre systèmes de main d’œuvre, se traduit par une dérégulation des parcours de vie dont les conséquences sur le vieillissement sont encore largement méconnues. Autant dire la difficulté qui existe, pour tenter de comprendre les évolutions du cours de l’existence humaine,  de démêler les effets plus ou moins directs des contextes économiques sur le vieillissement, des tendances socioculturelles propres aux sociétés et à leurs caractéristiques spécifiques.

L’augmentation croissante des personnes âgées au sein de la population, sous l’effet de facteurs incarnant le progrès humain (baisse de la mortalité, amélioration tendancielle des conditions d’existence et des modes de vie, etc.) est devenue au fil des années un enjeu important de l’organisation des sociétés contemporaines, tant en matière par exemple de retraite que de santé. Toutes les sociétés sont concernées selon des intensités et des calendriers historiques différenciés. Toutefois, cette même réalité démographique revêt de fait des significations différentes selon les sociétés et selon la manière dont leurs institutions, notamment de protection sociale, « construisent la définition sociale des âges et fixent par exemple l’âge de travailler et de cesser le travail » (Guillemard, 2010).

Table ronde 3

Les relations familiales entre générations
au cœur des transformations du cycle de vie

Sur le thème énoncé dans son titre, cette table ronde rassemble des contributions qui ont en commun de souligner combien les changements à l’échelle du cycle de vie ainsi que les mutations socioéconomiques à l’échelle des sociétés mettent à l’épreuve les solidarités familiales entre générations. Ce « problème » des solidarités familiales a le plus souvent été abordé dans des termes quantitatifs qui masquent parfois un jugement normatif : les relations entre générations familiales s’affaiblissent-elles, ou au contraire se renforcent-elles en cas de « crise » ? Compensent-telles les limites montrées par les Etats-Providence ? Ces questions ont connu des réponses divergentes, au fil des analyses proposées, preuve qu’aucune explication causale ne l’emporte dans ce domaine. Quoiqu’il en soit, le concept de solidarité familiale peut se décliner en différentes dimensions que les contributeurs exploreront à partir des acquis de leur expérience d’enquête.

L’objet de cette table ronde est d’éclairer la dynamique des relations intergénérationnelles que le processus de vieillissement tend à transformer. Les mutations du cycle de vie modifient l’organisation des familles, la place et le statut que chaque génération occupe ou encore la fonction dont elle s’acquitte, et ce dans une situation inédite dans nombre de sociétés, du nord comme du sud, où l’allongement de l’espérance de vie favorise la coprésence des générations. La plupart des enquêtes récentes ont apprécié l’étendue de ces liens familiaux entre générations. Leur vitalité, un temps sous-estimée voire ignorée permet à la fois d’en comprendre la spécificité et les limites par comparaison avec la panoplie d’interventions des politiques sociales (ou solidarités institutionnelles), lorsqu’elles existent, et de nuancer assez fortement l’idéologie ambiante de l’individualisation des liens de famille.

Dans cette table ronde, le cadre d’étude méditerranéen sera privilégié. Ce cadre largo sensu inclut une perspective comparative entre pays du nord et pays du sud (de l’Europe). En Méditerranée comme ailleurs, compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie, nombre de pays deviennent des «sociétés multigénérationnelles ». Ce qui pose comme enjeu le rôle ou l’utilité de chacune sur l’échiquier en présence, a fortiori en situation de crise. Dans des sociétés proches géographiquement, culturellement mêlées, dans l’Europe du sud et le pourtour méditerranéen, mais aux fondations politiques toutefois historiquement bien distinctes, un des enjeux fondamentaux du vieillissement porte assurément sur le rapport entre les politiques de protection sociale que les Etats-Nations ont mises en place, au cours de ces dernières années, et les capacités d’entraide que les systèmes de parenté ont pu mettre en place.

Table ronde 4

La division sexuelle du travail et son institutionnalisation politique

Sur le thème énoncé dans son titre, cette table ronde rassemble des contributions qui ont en commun de questionner l’évolution de la place des femmes, à l’aune des nouvelles formes de domination masculine, en  tentant de répondre aux interrogations que suscitent au cours de la vie les interactions entre transformations de l’emploi et de la famille. La signification de ces transformations est en effet assurément à rechercher dans la dialectique quotidienne des rapports sociaux de genre sur le marché du travail et dans la vie domestique, mais aussi dans les orientations des  politiques publiques de conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Si les comportements et les trajectoires des hommes et des femmes se sont relativement rapprochés au cours de ces dernières années, ils n’ont toutefois pas remis fondamentalement en cause la division sociale des rôles de sexe. Dans cette table ronde, le cadre d’étude méditerranéen sera privilégié. Ce cadre largo sensu inclut une perspective comparative entre pays du nord et pays du sud (de l’Europe).

La féminisation de l’emploi a contribué à modifier le calendrier de la vie privée, en particulier celui des naissances. Les pays d’Europe du Sud par exemple affichent des taux de fécondité bas, voire pour certains extrêmement faibles par rapport aux autres pays du monde occidental industrialisé. Cette situation reflète en partie les difficultés que rencontrent les femmes pour cumuler activité professionnelle et responsabilités familiales. Les femmes et plus particulièrement les mères ont accru sensiblement leur participation au marché du travail, sans que les hommes n’en fassent autant dans la sphère domestique. De grandes différences de statuts et de fonctions demeurent entre les hommes et les femmes à la fois dans la sphère privée et dans la sphère professionnelle. Et l’arrivée d’un enfant n’a généralement pas d’autre conséquence que la reproduction mais aussi la justification de ce déséquilibre persistant. Au cours de ces dernières décennies, le remplacement progressif d’une organisation familiale où l’homme était l’actif principal par un type de configuration où les deux membres du couple travaillent, ainsi que le développement parfois spectaculaire des familles monoparentales, essentiellement pour cause de séparation ou de divorce, posent de façon aigüe la question de l’articulation entre travail et vie familiale et attestent que la coparentalité est peu active dans les faits.

Au-delà de la sphère parentale, le déséquilibre de la participation aux tâches familiales trouve sa continuité dans les soins accordés aux ascendants. En effet, les femmes continuent de porter en majorité la responsabilité des soins accordés aux personnes âgées dépendantes puisqu’elles
représentent la très grande majorité des aidants familiaux (conjointes, filles, belles-filles etc.), n’hésitant pas, lorsqu’elles sont en emploi, à prendre des congés pour assumer ce rôle ou bien à aménager leurs horaires de travail pour se rendre disponibles. Ainsi, avec le vieillissement de la population, le spectre de l’activité de solidarité familiale (soin, entraide,...) s’élargit pour les femmes et creuse davantage l’asymétrie des rôles sociaux de sexe. Ce propos entend souligner combien les parcours de vie et de travail sont structurés par les activités de « solidarités » (aux enfants et aux personnes âgées) qui les rendent possibles. Il questionne implicitement le rôle des politiques publiques des Etats-nations, tiraillées pour certaines entre une logique égalitariste officielle de réductions des inégalités sexuelles et une logique différentialiste (ou de discrimination positive) plus discrète et soucieuse de préserver peu ou prou les identités sociales de sexe.

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