Vieillissement et transformations des modes de vie en Méditerranée : données et questionnements en sciences sociales

SODEMOMED_Affiche_colloque.pngLa thématique générale de ce colloque international pluridisciplinaire (réunissant anthropologues, démographes, géographes, historiens, sociologues, statisticiens) a pour objet les transformations des cycles et des modes de vie dans les sociétés confrontées au vieillissement de leur population. Plusieurs moments sont prévus qui permettront d’organiser les avancées de la réflexion dans ce domaine : 3 conférences et 4 tables rondes (détaillées dans le programme), sans oublier la présentation officielle de l'observatoire démographique de la Méditerranée.

Le vieillissement est souvent décrit comme un processus inéluctable lié à la transition démographique « universelle » que connaissent toutes les sociétés du monde. Cependant, au-delà des formes de convergence des phénomènes de mortalité et de natalité, l’examen des situations de vieillissement en ce début du XXIème siècle révèle un phénomène plus que jamais complexe et nuancé dans ses expressions nationales qui ne manque pas de questionner « la théorie » de la transition démographique. Comme processus social, le vieillissement de la population induit notamment, par l’augmentation de l’espérance de vie, des conséquences sur la structure par âge des hommes et des femmes et plus fondamentalement sur l’équilibre et la dynamique des échanges entre les générations en présence. Dans des sociétés proches géographiquement, culturellement mêlées, dans l’Europe du sud et le pourtour méditerranéen, mais aux fondations politiques toutefois historiquement bien distinctes, un des enjeux fondamentaux du vieillissement porte assurément sur le rapport entre l’action des politiques publiques et les comportements des individus dans la sphère privée. Ce qui est généralement désigné par le terme de crise, largement usité, en se référant aux déséquilibres macroéconomiques, à la mondialisation des échanges et les luttes de concurrence entre systèmes de main d’œuvre, se traduit par une dérégulation des parcours de vie dont les conséquences sur le vieillissement sont encore largement méconnues. Autant dire la difficulté qui existe, pour tenter de comprendre les évolutions du cours de l’existence humaine, de démêler les effets plus ou moins directs des contextes économiques sur le vieillissement, des tendances socioculturelles propres aux sociétés et à leurs caractéristiques spécifiques.

Les mutations du cycle de vie modifient l’organisation des familles, la place et le statut que chaque génération occupe ou encore la fonction dont elle s’acquitte, et ce dans une situation inédite dans nombre de sociétés, du nord comme du sud, où l’allongement de l’espérance de vie favorise la coprésence des générations. La plupart des enquêtes récentes ont apprécié l’étendue de ces liens familiaux entre générations. Leur vitalité, un temps sous-estimée voire ignorée, permet à la fois d’en comprendre la spécificité et les limites par comparaison avec la panoplie d’interventions des politiques sociales (ou solidarités institutionnelles), lorsqu’elles existent, et de nuancer assez fortement l’idéologie ambiante de l’individualisation des liens de famille. Avec le vieillissement de la population, le spectre de l’activité de solidarité familiale (soin, entraide...) s’élargit pour les femmes et creuse davantage l’asymétrie des rôles sociaux de sexe. En effet, les femmes continuent de porter la responsabilité des soins accordés aux personnes âgées dépendantes puisqu’elles représentent la très grande majorité des aidants familiaux (conjointes, filles, belles-filles etc.), n’hésitant pas, lorsqu’elles sont en emploi, à prendre des congés pour assumer ce rôle ou bien à aménager leurs horaires de travail pour se rendre disponibles.  Ce propos entend souligner combien les parcours de vie et de travail sont structurés par les activités de « solidarités » (aux enfants et aux personnes âgées) qui les rendent possibles. Il questionne implicitement le rôle des politiques publiques des Etats-nations, tiraillées pour certaines entre une logique égalitariste officielle de réductions des inégalités sexuelles et une logique différentialiste (ou de discrimination positive) plus discrète et soucieuse de préserver peu ou prou les identités sociales de sexe.

 Responsable scientifique

Thierry Blöss (LEST)

Comité d'organisation

Isabelle Blöss-Widmer (LAMES), Sébastien Oliveau (ESPACE), Yoann Doignon (ESPACE, LAMES),

Carole Vitali (UFR ALLSH), Nathalie Besset (LEST), Marion Favre (LEST)

Marielle Fiumara (MMSH), Sylvie Laurens (MMSH), Elie Perrichon (LEST)

 

 

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